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Lumière sur chambre noire – Compagnie NoKill

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Dans un monde sans électricité, devra-t-on renoncer au cinéma ? Avec Camera Obscura, Nokill tente de s’affranchir des progrès technologiques qui ont rendu possible cette forme d’expression artistique, en développant un système de cinéma vivant, qui fonctionne uniquement grâce à la lumière du jour.

Léon Lenclos

Bertrand Lenclos

Compagnie NoKill

D’abord axée sur la production de courts métrages, la Cie Nokill fait aujourd’hui de la création et de la diffusion de spectacles, de performances et plus globalement, de toutes formes d’expression artistique liée au spectacle vivant. Elle a été créée par Bertrand Lenclos en 2016, rejoint un an plus tard par son fils, Léon. Entre créations cinématographiques, musicales et théâtrales, ils interrogent le monde avec poésie.

Résidence au Quai des Savoirs en mars 2023

Mercredi 10 mai 2023, allées Jules Guesde.

Quelques miroirs sur trépied, un fourgon blanc à l’arrêt, Bertrand et Léon Lenclos, père et fils, s’activent entre l’intérieur et l’extérieur du camion pour des tests et des réglages sur leurs instruments d’optique. Ils nous éclairent sur leur prochaine création Camera Obscura.

Quelle idée anime votre Camera Obscura ?

Léon : L’idée est de créer du cinéma vivant, en tournant un film qui utilise du théâtre. On se penche sur la question : comment faire de l’image animée et en faire un spectacle vivant ?

Bertrand : Avec ce projet, on a eu envie de réactualiser de vieilles inventions et de leur donner un souffle contemporain. On trouvait ça intéressant de se lancer un défi technique sans faire appel aux technologies modernes.

La camera obscura est un procédé très ancien, qui remonterait même à la préhistoire, lorsque les grottes laissaient passer un mince filet de lumière, projetant sur les parois une image inversée. Nous avions envie d’explorer cet instrument d’optique ancestral pour projeter en direct un court-métrage sans pellicule ni électricité.

Comment est-ce possible ?

Léon : Avec des miroirs et des objectifs. Pour l’instant, nous faisons les tests de luminosité et nous mesurons les distances avec les différents objectifs. Ensuite, on passera à la fabrication de la salle de cinéma. Là c’est notre camion qui sert de prototype, mais l’idée c’est qu’une remorque puisse accueillir une vingtaine de spectateurs dans l’obscurité totale. Nous ne voulons pas recourir à l’électricité donc nous nous penchons aussi sur les questions d’aération et de nettoyage.

Vous vous y connaissez en optique ?

Bertrand : Pas vraiment. Nous sommes des autodidactes dans l’âme. On a tous les deux des prédispositions scientifiques et l’envie d’avancer en apprenant.

On a eu un « cours » accéléré d’une pointure en la matière, Gérard Tayeb de l’Institut Fresnel, ancien Laboratoire d’Optique Électromagnétique. Ce bagage théorique nous a permis de débuter le projet. Après, on cherche des réponses au fur et à mesure des problématiques rencontrées.

Où en êtes-vous de la création ?

Bertrand : Pour l’instant, le dispositif est à l’état de prototype. L’objet de la résidence cette semaine est de valider le retournement d’image avec le double miroir ; on teste différentes lentilles et objectifs, on précise les besoins et on fait des choix.

Léon : On a pu valider une image de 1,40 m, avec une luminosité satisfaisante. Évidemment, le spectacle ne peut avoir lieu que par beau temps. Cette résidence nous conforte dans l’idée que le projet est réaliste.

Quelles sont les prochaines étapes de création ?

Bertrand : Plusieurs résidences sont prévues avant la première planifiée pour le festival MIMA de Mirepoix à l’été 2024. Nous devons encore construire la remorque, étape non négligeable. La Quai des Savoirs nous a d’ailleurs mis en relation avec le Fablab d’Airbus pour se faire accompagner sur les questions d’isolation, de ventilation, d’aération passive et la recherche de matériaux ultralégers pour la remorque. Affaire à suivre…


Crédit photos : © Emmanuel Grimault

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