Une fresque collective pour peindre « des futurs désirables »
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En 10 tableaux et 5 jours, les habitants du Grand Mirail ont peint leur futur désirable. Accompagnés par l’autrice-illustratrice Auka dans une école, une médiathèque, un centre social et des associations du quartier, ils ont imaginé leur ville idéale. Une œuvre collective pour se projeter dans des imaginaires positifs.
En septembre dernier, en préparation des événements « Un dimanche au bord du lac » à la Reynerie et du festival « Lumières sur le Quai », des participants de tous âges ont réalisé une fresque collective dans les locaux d’associations de quartier, à la médiathèque Grand M, dans la classe de CM2 de l’école Françoise Héritier, puis au bord du lac. Ce projet d’imaginer un futur désirable s’inscrivait aussi dans une réflexion quant au changement climatique, abordé dans l’exposition « Feux, mégafeux » présentée au Quai des Savoirs.
Donner des couleurs au futur
Sur un grand canevas, Aurélie Calmet —Auka de son nom d’artiste— a dessiné au trait noir des immeubles et des éléments urbains du quartier. Armés de couleurs, les participants y projettent leurs envies d’avenir.
Au local du TO7, sous le crayon d’Hiba, une guirlande végétale pousse autour d’un immeuble. Mathilde fait dialoguer des personnages aux fenêtres. Otari et Badar inscrivent des messages en géorgien et en ourdou en commentant les particularités de leurs alphabets respectifs. Au pied d’un bâtiment, Abbas dépose des personnages aux contours flous qui « dansent comme dans un rêve ».
Vecteur de discussion
Autour de la toile, les langues se délient. Badar peint des lacs sur la Lune et évoque les progrès de l’Inde en matière spatiale. Il dessine aussi un drapeau français souligné d’une légende : « Que la France prospère ». Mais, précise-t-il : « pas dans la conquête économique, dans sa culture, ses gens… ».
Plus tard dans la semaine, au centre social, les habitantes de Bellefontaine se remémorent l’histoire du quartier liée à l’eau, élément dont la présence est réhabilitée dans chaque partie de la fresque. Partout, des débats sur les transports du futur s’engagent. À Bellefontaine, on pense à l’accessibilité des personnes handicapées ; des transports aériens doux sillonnent le ciel de chaque toile : montgolfière, tapis volant, avion solaire, bateaux sur les nuages.
Une réflexion réimpulsée
À l’association Parle avec Elles, enfants et adultes se partagent la toile. Comme dans chaque atelier, des histoires s’inventent. Elles sont peuplées d’animaux qui réinvestissent le quotidien des habitants. « Cela fait écho à un travail mené en classe, sur le réchauffement climatique et la nature en ville », explique Colas Aubray, enseignant en CM2 à l’école Françoise Héritier.
La fresque composée de l’ensemble des toiles mises bout à bout a été exposée au bord du lac de la Reynerie et est projetée sur les murs des immeubles du quartier jusqu’au 15 décembre. « Cette valorisation a donné une autre dimension à la réflexion et à l’implication des enfants », commente Colas Aubrey. La démarche a aussi impulsé un nouveau souffle aux participants. « Au début, on se sent ridicule de dessiner », confie Zahia. « Puis ça fait remonter plein de choses positives. » Le futur peut s’envisager sous un nouvel angle.
Crédit en tête : Antoine Vaillant – Quai des Savoirs