Résidence au Quai des Savoirs en mars 2023
Lorsque Maija Nousiainen et Marie Vauzelle se retrouvent à Toulouse en mars, 5 mois sont passés depuis leur dernière rencontre. Chacune a cheminé suite aux riches échanges avec l’équipe de recherche de Simon Lacroix. Tandis que Marie a arrêté son choix de recourir à une intelligence artificielle « réelle » et à de la musique live pendant le spectacle, Maija a commencé à entrer dans la peau de la chercheuse qu’elle incarnera. Autour d’un fauteuil de bureau, elle a écrit une phrase-boucle à partir des gestes des chercheurs observés en novembre dernier. Cette première phrase chorégraphique se répète et se transforme, donnant doucement vie à la chercheuse et à son parcours dans l’espace.
Le premier travail de plateau au Quai des savoirs permet de concrétiser un début de récit. Marie et Maija y explorent un magasin de positions et une traduction corporelle à mi-chemin entre la danse et la reproduction mimétique. À travers la répétition, Maija entre dans son personnage. « On travaille autour d’un parcours physique un peu rêvé, qui vient d’ailleurs. En l’absence du drone, l’exploration est évidemment embryonnaire, mais on réfléchit à comment le geste chorégraphique peut conduire à des interactions et permettre à la chercheuse d’accéder à la poésie. »
La question du langage a commencé elle aussi à se poser. Bien que la parole arrive en second plan, car c’est par le mouvement que Marie et Maija envisagent d’entrer dans le sujet, les trois langues de Maija – finnois, français et anglais – ne pourront que mieux refléter l’aspect international du CNRS.
Au LAAS, Marie et Maija ont poursuivi les entretiens en resserrant les échanges autour des interactions humains-drones. Lors d’une incursion dans la volière de l’ENAC (École Nationale de l’Aviation Civile), Maija, coiffée d’un casque, apprivoise un de ces robots volants, qui la suit en détectant les obstacles (et en oubliant de s’arrêter).
Restent de nombreuses questions autour du drone à créer : de quoi sera-t-il capable ? Quelles interactions peut-on envisager ? Une conversation avec lui est-elle possible ? Quel est son langage – physique, sonore ? Des défis techniques se posent, notamment pour prévoir l’installation d’une volière en intérieur ou en extérieur avec le public autour.
Marie Vauzelle se réjouit de constater que le projet SonIA fait aussi son chemin au sein de l’équipe de Simon Lacroix du LAAS-CNRS. « Simon s’engage pleinement sur la recherche de fond, il s’empare de notre projet comme sujet de recherche scientifique. Nous sommes tous les deux animés par une question : qu’est-ce que l’improvisation pour un robot ? » Pour y répondre, ils aimeraient que la création de ce drone coïncide avec le projet de thèse d’un doctorant.
Parallèlement à tous ces échanges, cette résidence a renforcé l’envie de Marie Vauzelle d’organiser en 2024 un laboratoire à l’Usine à Tournefeuille invitant artistes et chercheurs à danser avec des robots. À l’instar du GAES, son idée est de créer un terrain de recherche avec les scientifiques en partant de la pratique artistique.
À suivre
La prochaine étape de création du spectacle SonIA est fixée à septembre 2023 au théâtre d’Arles. Marie et Maija seront rejointes par Léopold Pélagie, le créateur sonore, et accompagnées d’un drone.