Réécrire l’histoire des femmes

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L’Histoire a longtemps négligé le rôle de ses actrices. Les femmes de science n’échappent pas à la règle. Des ateliers Wikipédia organisés du 6 au 17 mars dans des collèges et lycées de la métropole invitent à prendre conscience de ces biais d’écriture et à y remédier en participant à la rédaction de fiches Wikipédia sur des scientifiques méconnues.

Crédit : Asiyeh Ghayour, wikimedia

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le Quai des Savoirs propose depuis 3 ans à un programme d’éditathons et d’ateliers de sensibilisation à Wikipédia, pour redonner aux femmes de science davantage de visibilité au sein de l’encyclopédie en ligne. Mêlant éducation aux médias et sensibilisation à l’égalité de genre, cette initiative invite à produire ou compléter les biographies Wikipédia de femmes scientifiques.

Identifier les stéréotypes

Au-delà de la production de contenu, l’exercice vise à la fois à faire comprendre les mécanismes et les règles de publication de l’encyclopédie en ligne et ceux qui président à la construction des stéréotypes de genre. Cette année, plusieurs classes de collège et lycées de la métropole toulousaine bénéficieront de cette sensibilisation sous forme d’ateliers de 2h30, animés par Aude Mugnier, contributrice Wikipédia et formatrice aux enjeux du numérique et de l’EMI. La wikipédienne assurera également une session réservée aux enseignants et documentalistes, le 8 mars, au cours de laquelle elle leur transmettra pistes et outils pour travailler ces questions dans leurs établissements.

Biais en tous genres

En découvrant le fonctionnement de l’encyclopédie collaborative, les élèves vont prendre conscience des biais qui marquent les contributions. Tout d’abord, les hommes blancs sont majoritaires parmi les auteurs et autrices. Ils choisiront donc plus souvent d’écrire sur leurs semblables et sont plus susceptibles de véhiculer des visions biaisées du rôle des femmes. Ensuite, les documents historiques et scientifiques faisaient jusqu’à présent peu de place aux femmes. Il est donc difficile de trouver des sources argumentées et complètes, ce qui complique le travail de recherche et freine le nombre de publications dédiées à des femmes. Enfin, dans l‘écriture même des fiches, le vocabulaire, le choix des événements décrits, témoignent de différences de traitement.

La preuve par l’exemple

Pour en juger, les élèves vont être invités à réaliser des lectures critiques de pages Wikipédia existantes, par exemple comparer celles d’Albert Einstein et de Mileva Einstein. « Au cours de l’atelier, de nombreux exercices permettent d’alimenter la réflexion, de confronter les points de vues et d’amener chacun à ses propres conclusions », apprécie Geneviève Pérez, enseignante de français au Lycée Toulouse Lautrec qui a accueilli un atelier en 2022. « C’est très concret et soulève des sujets dont nous avons conscience, mais que nous ne sommes pas habitués à aborder », poursuit l’enseignante.

Exercice d’inclusion

Invités à réécrire une fiche existante en étant attentifs à bannir les représentations de genre et à favoriser l’inclusion, les participants prennent conscience des préjugés véhiculés dans la représentation professionnelle ou familiale des femmes, mais aussi des multiples façons de pratiquer une écriture inclusive.

« Cette réflexion sur la façon d’écrire sur les femmes était d’autant plus enrichissante qu’elle n’est pas militante », commente encore Geneviève Pérez. « On part des faits, de la constatation de différences de traitement et des pratiques de rédaction sur des articles existants. »

Des thématiques et une approche que l’enseignante envisage d’adapter à différentes parties du programme, par exemple en l’abordant en classe de première sous l’angle de la femme dans la littérature d’idée et la presse du XXe siècle.