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À contre-temps, la musique du futur ?
[PODCAST] À contre-temps, la musique du futur ? Dans ce nouvel épisode de Détour vers le futur, rencontre avec un musicien et un chercheur autour de la désynchronisation.
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C’est en interrogeant l’écart entre nos perceptions et la réalité qu’Yvain Juillard puise la matière de ses spectacles, pensés comme de véritables expériences. Après le succès de la conférence-spectacle Cerebrum, lui et sa compagnie Les Faiseurs de Réalité travaillent actuellement sur leur nouvelle création, Ad-dicere, une pièce qui explore avec humour la relativité de notre regard sur le monde.
Ce projet a été mené en collaboration avec Céline Cappe, chercheuse en neurosciences au CerCo à Toulouse dans l’équipe SLAM (Social, Learning, Auditory and Multimodality), Yves Rosetti, neurophysiologiste au CNRS de Lyon dans l’équipe TRAJECTOIRES et des scientifiques de la faculté de psychologie de l’UCLouvain FNRS Belgique.
Fondateur de la compagnie Les faiseurs de réalités, Yvain Juillard est acteur et biophysicien. Formé à l’INSAS (Institut National Supérieur des Arts du Spectacle) en Belgique, il poursuit un doctorat en Art et sciences de l’art à l’Université Libre de Bruxelles. Il est également diplômé du Magistère européen en biologie intégrative de l’Université de Rouen et du DEA Matière organisée et systèmes vivants de l’Université de Cergy-Pontoise. Son travail se situe à l’interface de la scène théâtrale vécue comme un laboratoire d’expériences avec le public et de ses recherches dans le domaine de la plasticité cérébrale. À la frontière des arts vivants et des neurosciences cognitives, son premier spectacle Cerebrum, est reconnu d’intérêt général par le CNRS et Lauréat du Label d’Utilité publique en Belgique.
Sur scène, il a par exemple incarné le rôle de Louis dans Ça ira (1) Fin de Louis de Joël Pommerat et joué le rôle de Nox dans la série éponyme de Canal+.
Depuis 2018, Yvain Juillard est également conférencier à l’INSAS dans la section cinéma.
Dans un futur proche IA-dépendant, quatre personnages addicts aux jeux d’argent participent à un jeu télévisé. Dans ce récit dystopique, le public prend part aux différents tableaux. Entretien avec Yvain Juillard, directeur de la compagnie.
Quai des Savoirs : À l’image de Cerebrum, Ad-dicere mêle les neurosciences au théâtre. Que raconte ce nouveau spectacle ?
L’intention de ce spectacle est de travailler sur ce qui nous divise, ce pourquoi les humains entrent en conflits. Le cadre est le rapport à l’addiction. Dans la première partie, un des personnages, spécialiste de la prise de décision chez l’être humain, va venir tester le libre-arbitre des gens en direct.
Par exemple, on proposera des questions à choix multiples au public qui verra en temps réel l’évolution des réponses données. En augmentant plus rapidement le nombre de réponses fausses, cela aura une influence sur les réponses suivantes. On va aussi confronter le public à des dilemmes moraux. Les gens sont influencés par des facteurs dont ils n’ont pas conscience lorsqu’ils prennent une décision, et on va leur révéler.
La compagnie a testé le dispositif participatif au cours de deux séances au Quai des Savoirs le 18 et le 24 Janvier 2025.
Cette pièce est le fruit d’une étroite collaboration avec des scientifiques. Comment écriture théâtrale et connaissances scientifiques aboutissent à un spectacle ?
C’est important pour moi que ces deux disciplines cohabitent. Je rêve de spectacles. Mais avant ça, il y a une réflexion sur ce qu’est la réalité. J’ai contacté des scientifiques, dont Céline Cappe et Yves Rossetti. Grâce à notre base de vocabulaire commun, on est entrés dans des dimensions statistiques, de biologie cellulaire puis à des échelles plus grandes comme le comportement. Notre processus d’écriture est lui-même scientifique.
Le hiatus entre le réel et notre perception a motivé l’écriture. Dans mon travail, j’aime mélanger la magie et les perceptions pour voir comment une information est interprétée par le cerveau et créer tout autre chose.
La deuxième partie du spectacle est un point de bascule dans la narration. Pouvez-vous nous expliquer ce choix ?
En effet, dans un second temps, les quatre personnages tombent dans le coma. Ils se confrontent à plusieurs dissonances cognitives et à un monde sauvage, intime. On utilise la métaphore des fonds marins pour inviter le public à une réflexion plus profonde. Au Quai des Savoirs, on a développé des expériences métacognitives avec le public. C’est une manière non pas d’entrer dans le discours du réel mais d’en faire l’expérience.
Une expérience métacognitive est une expérience sensible qui contredit ce qu’on devrait voir normalement. – Yvain Juillard
On rencontre alors un étranger qui est soi-même. Pour le public, c’est à la fois une joie et un émerveillement mais c’est aussi déstabilisant. Cette deuxième partie soulève des questions profondes : comment est-ce que je peux avoir une emprise sur moi-même ? Comment le marketing travaille ? Suis-je vraiment libre ? C’est abyssal comme réflexion.
Le spectacle Ad-dicere sera diffusé en Mai 2026 au théâtre Le Vilar à Louvain-La-Neuve avant de poursuivre avec une tournée à Bruxelles et en France.
Crédit photos : © Emmanuel Grimault
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