Résidence au Quai des Savoirs en mars 2023
IMMORTELLE(S) projette les visiteurs en 2084. Dans ce futur pas si lointain, la guerre contre la mort a été gagnée, des êtres immortels ont vu le jour avant d’être rejetés et enfermés par leurs créateurs. Voilà le préambule de l’expérience à laquelle nous invitent Arnaud Courcelle et Jean-Marc Matos.
Au milieu de la pièce, une sphère transparente trône, avec en son sein une créature étrange plongée dans un profond sommeil. Incarnée par la danseuse Antonella Sampieri, cette « presque humaine » est désormais exhibée comme une bête de foire.
Basculés dans un autre espace-temps, les visiteurs circulent librement autour de la bulle, observant la créature sous toutes ses coutures. Une fois réveillée, l’immortelle s’active au rythme des stimuli que le public lui envoie. Au moyen d’une tablette, les visiteurs peuvent lui faire revivre des scènes d’un quotidien passé, des gestes répétitifs, des mouvements sans fin.
Comment bougerait un être devenu immortel ? Voilà la question que s’est posée Jean-Marc Matos, chorégraphe, en amorçant l’écriture du spectacle. Il nous partage les défis qu’il rencontre dans cette création. « Aborder le thème de l’immortalité, ça revient à créer quelque chose de l’ordre de l’étrange, un espace où les choses ne se déroulent pas à une vitesse habituelle. La créature immortelle a intégré des émotions humaines subtiles par codage, mais parallèlement, elle est dotée d’une structure de comportement qui lui est propre. »
Jean-Marc Matos et Antonella Sampieri explorent la représentation d’un corps post-anatomique en travaillant à dissocier les différentes parties du corps avec des variations de rythme.
Avec Arnaud Courcelle à la co-conception et au design numérique, ils questionnent l’intelligence de l’IA. En utilisant des moteurs de recherche comme Chat GPT, ils génèrent les textes qui orienteront le public, ils transforment la voix et l’image de la créature pour distordre le réel.
La résidence au Quai des Savoirs leur a permis d’avancer sur la création sonore et l’interface entre le public et la danseuse, ouvrant la porte sur des possibilités infinies qui feront de chaque représentation une œuvre unique et singulière, variant au gré des déplacements des visiteurs et de leur attitude vis-à-vis de la créature.