Cogitations spectaculaires
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Avec Cerebrum, l’esprit critique s’invite sur scène. Ce spectacle qui interroge nos perceptions à travers des expériences ludiques et poétiques est proposé en séance scolaire le 25 mars, à L’Escale de Tournefeuille, en co-diffusion avec le Quai des Savoirs.
Spectacle vivant, cirque, arts numériques… au Quai des Savoirs, quelle que soit leur forme, arts et sciences font bon ménage. Cerebrum, spectacle sélectionné par nos équipes le prouve une nouvelle fois. Cette conférence-spectacle de l’artiste-chercheur Yvain Juillard prolonge de façon originale notre exposition “Esprit-Critique Détrompez-vous”.
Les neurosciences en scène
Sur Scène, Yvain Juillard joue avec le public auquel il propose des expériences révélatrices des biais qui influencent nos jugements, puis s’appuie sur ces démonstrations pour dévoiler au spectateur les mécanismes neurobiologiques et culturels qui façonnent nos perceptions.
L’artiste, également biophysicien spécialisé dans la plasticité cérébrale, a conçu ce spectacle avec des scientifiques, en particulier le neurobiologiste Yves Rossetti. Ensemble, ils mettent à disposition du public les connaissances acquises, mais partagent aussi les interrogations des neurosciences aujourd’hui.
Toucher les adolescents
L’accueil d’artistes en résidence et la diffusion de spectacles co-construits avec des scientifiques contribuent à croiser les regards. Susciter et animer ces réflexions transversales est au cœur de nos missions. Programmer des représentations, souvent en co-diffusion avec les théâtres de la métropole toulousaine, offre par ailleurs une forme de médiation différente des rencontres classiques avec des scientifiques.
Ces programmations permettent d’aller à la rencontre d’un public pas forcément familier des lieux de culture scientifique et de les toucher par des formes originales, souvent adaptées au jeune public ou aux adolescents. C’est pourquoi nous proposons chaque année des représentations dédiées aux scolaires, en classe ou dans des lieux culturels du territoire métropolitain.
Dialoguer avec artistes et chercheurs
En 2019 par exemple, Les liaisons numériques, un spectacle en lien avec notre exposition “Humain Demain” a été joué dans deux lycées de Tournefeuille et Blagnac, et suivi de rencontres avec Nikos Smyrnaïos, chercheur au Laboratoire d’Études et de Recherches Appliquées en Sciences Sociales (Lerass) de l’Université Paul Sabatier.
Cerebrum sera suivi d’un échange avec Céline Cappe, neurobiologiste au CNRS au sein du laboratoire CerCo (Centre de recherche Cerveau et Cognition de Toulouse) qui a participé à la création du spectacle.
Rencontre avec Yvain Juillard
« Pas de libre arbitre sans connaissances »
Qu’est-ce qui a motivé la création de Cerebrum ?
Je voulais montrer l’écart important entre ce qui existe, ce que l’on connaît et ce que l’on croit être. C’est important d’en prendre conscience, car une grande partie des processus mentaux ne sont pas conscients. On ne sait pas pourquoi on voit les choses de telle façon et on ignore que notre perception nous est propre, qu’elle diffère de celle du voisin. Je mets ces écarts en évidence en jouant avec les perceptions, par des illusions d’optique par exemple, des schémas dessinés sur le mur, au sol… C’est ludique et poétique, car comme le spectacle, la découverte scientifique est un émerveillement.
Vous dites vous inscrire dans une démarche citoyenne en vulgarisant l’approche scientifique.
Pour réfléchir, on a besoin de données éprouvées issues de processus de recherche, de méthodes objectives. Décrire la façon dont ont établit ces connaissances, par les essais, les hypothèses, la confrontation, la réplication et la remise en cause permanente des acquis, vise à aider le grand public à avoir accès à la connaissance qui n’est pas une vérité décrétée par un humain, mais qui est le fruit d’une recherche méthodique. La démocratie a tout à y gagner. Elle a besoin de citoyens éclairés.
Vous multipliez les rencontres envers les publics jeunes. En quoi est-ce important ?
Il est important de faire connaître aux plus jeunes les processus qui guident leur jugement et leurs décisions. Si l’on n’est pas conscient des processus qui court-circuitent nos perceptions, on devient un mouton. La connaissance est indispensable pour exercer son libre arbitre et son esprit critique.
Je veux offrir au spectateur la liberté d’avoir ces connaissances et de les utiliser de manière critique dans son environnement quotidien. Les enseignants peuvent s’appuyer sur le spectacle pour transposer ces acquis a l’environnement des élèves. Par exemple, la place du contexte peut être débattue en interrogeant la façon dont les informations arrivent sur nos écrans par le biais d’algorithmes, ou en identifiant les placements de produits dans les séries.
Les jeunes sont très demandeurs et parfois plus réceptifs à ces questions que les adultes.
Crédit photo d’en tête : Hichem Dahès