« Il est important de se forger une culture scientifique autour de l’IA, désormais partout présente. »

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La nouvelle exposition « IA double Je » ouvre ses portes ce 2 février 2024. En avant-première, Laurent Chicoineau, directeur du Quai des Savoirs, revient sur sa conception et nous en dévoile les contenus.

La nouvelle exposition « IA double Je » concrétise une réflexion ancienne sur l’intelligence artificielle (IA). Quelle en a été la genèse ?

Laurent Chicoineau : Le Quai des Savoirs a pour objectif d’éclairer l’actualité pour aider à comprendre les enjeux du présent et à construire le futur. Depuis sa création, notre établissement explore donc l’évolution et l’impact des technologies numériques qui sont au cœur de nos vies. Et pour cela, nous avons la chance de collaborer avec les chercheurs de l’Aniti, l’un des 4 instituts français de l’IA, qui est basé à Toulouse. C’est en partie avec eux que nous avons imaginé cette exposition à laquelle nous travaillons depuis 2020.

Quels sont les objectifs et les thèmes de l’exposition ?

Nous proposons au public une expérience immersive dans le monde de l’IA pour en comprendre les fondements scientifiques et techniques et les enjeux liés à ses usages. Il est important d’expliquer les principes de l’informatique et le fonctionnement de ses applications numériques et la façon dont celles-ci se sont immiscées dans tous les interstices de notre quotidien. Car le numérique est partout, avec une multitude d’applications différentes dont le foisonnement génère parfois un sentiment de perte de contrôle : on est débordé et en même temps se développent une foule de services que les gens adorent. Or ce sont surtout les utilisations de cette technologie qui interpellent. Nous avons donc décidé d’approcher le sujet à 360° en explorant l’IA dans ses dimensions techniques, mais aussi éthiques, sociales et environnementales.

Comment montrer des choses souvent invisibles ?

Dans un décor immersif, conçu comme une installation artistique, des dispositifs interactifs matérialisent différents concepts et éléments de questionnements. Des tables tactiles, des vidéos, des équipements sonores, une maquette grandeur nature de véhicule autonome ou la simulation d’une boîte noire géante dans laquelle décoder ce qui se passe au cœur de l’IA permettent au visiteur d’observer, d’expérimenter et d’échanger autour de ses découvertes.

Une partie de l’exposition aborde également l’imaginaire lié à l’IA. Seul ou à plusieurs, on y écoute des récits de science-fiction, on rêve et s’interroge devant des installations artistiques documentées.

Avec le CNES (Centre national d’études spatiales), nous montrons aussi comment l’IA aide à analyser des images satellites pour anticiper des catastrophes naturelles. Un partenariat avec l’Oncopole de Toulouse illustre des applications de santé pour détecter le cancer du sein. Enfin, des témoignages de chercheurs et chercheuses en informatique, en mathématique, en sociologie ou en philosophie éclairent diverses problématiques liées au développement des IA.

Ces différentes approches posent les bases d’une culture scientifique autour de l’IA. Non seulement en rappelant son histoire et en vulgarisant ses techniques, mais aussi en les resituant dans un contexte politique, social, géographique… C’est cette culture numérique qui permet de comprendre les enjeux actuels et futurs, de lutter contre les fausses informations et les messages publicitaires simplificateurs, mais aussi d’imaginer les potentiels de la machine.


Crédit image en tête : Emmanuel Grimault