En raison du mouvement de grève national du 5 décembre, le fonctionnement du Quai des Savoirs risque d’être perturbé.

Merci de votre compréhension.

Quand le robot ne fait qu’un avec l’humain – Compagnie Scalpel

Modifié le :

Quand la machine rencontre l’humain ? Le groupe Scalpel a un but : fondre l’électronique avec le corps humain. Pour cela, Romane Nicolas, Clarice Boyriven, Elio Jacquel, Flor Paichard et Arthur Vervier-Dasque ont décidé de travailler avec les IA génératives de son et d’image. L’objectif final est simple, ne faire qu’un ou une avec la machine.


Que la machine vive en moi a été présenté par le Théâtre Sorano dans le cadre du festival SUPERNOVA à la suite d’une semaine de résidence au Quai des Savoirs. 

© Emmanuel Grimault

Romane Nicolas

Romane Nicolas est une dramaturge transgenre. Formée dans le département d’écriture dramatique et de dramaturgie de l’ENSATT (École Nationale Supérieure des arts et Techniques du Théâtre), elle a travaillé pour plusieurs auteurs et metteurs en scène. Elle est aussi codeuse et bio-hackeuse. Elle fait aujourd’hui partie du groupe Scalpel. 

Cette compagnie de théâtre s’est formée au GEIQ (Groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification) et à l’ENSATT, mais se définit comme un agencement de cyborgs cyberféministes. Compagnie basée à Toulouse, leurs recherches tentent de lier performance de parole, puissance comique du jeu d’acteur, bio-ingénierie, code informatique, cerveau-moteur, art dramatique et créations visuelles assistées par intelligence artificielle en les articulant dans une perspective queer intersectionnelle. 

Résidence au Quai des Savoirs en juin 2024

Présent pour une semaine au Quai des Savoirs, le groupe s’est consacré à l’avancée du spectacle ou plutôt du laboratoire d’expérience. Quatre « cyborgs transféministes », une écrivaine, un(e) roboticien(ne), une musicienne et des IA, tentent de coopérer pour créer en live un film et sa musique. Les écrans des créateurs et créatrices sont vidéoprojetés afin que le public puisse suivre leurs avancées qu’elles commentent en direct. A travers la pièce de théâtre mélangeant IA et savoir artistique, l’objectif est d’amener le public à la réflexion.  

Le sujet humain-IA est vite abordé grâce aux souvenirs de Romane qui montait et démontait ses ordinateurs il y a quelques années. « J’en ai démonté plus d’un pour les modifier et leur faire faire ce qu’il me plaît. Ils n’étaient pas assez développés pour survivre », rigole-t-elle.  

Une fois que les ordinateurs ont bien évolué et avec l’arrivée de l’IA, le projet Que la machine vive en moi a commencé à prendre forme. « Le fait de démonter les ordinateurs, ça me donnait l’impression de pouvoir faire la même chose avec mon corps. Comme prendre des hormones, changer mon apparence… ». Ce qui a permis de consolider le projet, c’est la transition de genre de Romane. « Je me suis rendue compte que le regard des gens était insistant au début. Comme s’ils avaient du mal à comprendre ce que j’étais. » C’est ce qu’on appelle l’Uncanny valley. Cette impression de familiarité dérangeante. On la ressent le plus souvent face au cyborg, quasiment humanoïde aujourd’hui. C’est comme ça que l’idée de transformer son corps avec l’aide de l’informatique et de l’IA a pris son sens.  

« La machine ne fait qu’un avec l’artiste » 

Lors de leur résidence, Clarice s’est penchée sur la fabrication de plusieurs robots mais aussi sur la reprogrammation d’électrodes. Alors à quoi servirait ces petits patchs reliés à une machine ? « Là, le projet serait de pouvoir contrôler mes collègues. Ça paraît un peu bizarre dit comme ça mais ça apportera une nouvelle dimension, comme un lien supplémentaire avec l’IA », explique-t-elle. Au cours de la représentation, Candice aimerait pouvoir envoyer des informations à ses collègues afin de “hacker” leur corps et de prendre la direction du spectacle. En parallèle, deux membres du groupe Scalpel, Flor et Romane, s’activent à écrire une pièce de théâtre et une composition musicale en concurrence avec ChatGPT. Au fur et à mesure de la performance, les artistes se font hacker par les nouvelles technologies et se battent avec les directives imposées. L’objectif de cette création est d’en apprendre plus sur le vivant et le non vivant, humain et non-humain.

Pour aller plus loin :  


Crédit photos : © Emmanuel Grimault

Dans la même thématique