Après une année d’ateliers, de (co-)recherches et d’enquêtes, le processus Où Atterrir, à l’origine lancé par Bruno Latour, fait son clap de fin. Les 3 et 4 octobre derniers s’est tenue la restitution des enquêtes, dans une hybridation citoyenne, universitaire et artistique.
Embarquer à bord de cette expérimentation c’est se donner l’opportunité de sortir de la sidération, d’abord au travers de l’enquête, puis en se mettant en action. En se connectant à de nouvelles puissances d’agir, les citoyens et citoyennes retrouvent une forme de pouvoir sur leurs terrains de vie. Les ateliers Où Atterrir permettent, notamment grâce à l’outil de la boussole et de l’utilisation des arts vivants, de matérialiser les concernements, de les cartographier. Les rendre tangible c’est se donner la capacité d’avoir un impact dessus et de créer une forme de proximité avec ces enjeux.
Une des spécificités du dispositif, c’est la précision et la rigueur avec laquelle les participant.e.s doivent se familiariser. Dans les ateliers, pas de place à l’à-peu-près. Au travers de différents exercices, les chercheur.euse.s en herbe apprennent à décrire avec précision leurs terrains de vie, ce qui leur permet notamment de sortir de la sidération. Face au réchauffement climatique, à la montée du fascisme ou aux guerres se cristallise une forme de figement puisque ce sont des entités trop larges pour avoir une prise dessus. Les ateliers Où atterrir ont justement cette particularité d’agir sur du concret, sur du précis, le plus précis possible. Avoir un concernement sur “les cours d’eau” ne suffit pas, il faut aller voir plus loin : quel cours d’eau, où précisément ? Agir sur du local semble finalement être une manière d’avoir un impact au niveau global.
Parmi les concernements recensés dans le bourgeon toulousain, nous pouvons par exemple citer :
“Potabilité de l’eau d’une des sources de la Masse d’Agen et baignabilité du vivier de la Maison forte (Monbalen – Lot-et-Garonne) (Séverine)
“L’accès à des informations fiables, rigoureuses, contradictoires et encapacitantes (Loïc)
“La libre circulation et la présence des enfants seul.es dans l’espace public, notamment à Toulouse” (Muriel)
“La vie de quartier du Baléjou (St-Girons) : redonner vie à un quartier désertifié en renouant les liens humains et non-humains, en se réappropriant l’espace commun et en ravivant les coutumes et l’histoire du lieu” (Annelore).
► Retrouvez l’ensemble des concernements sur ce lien.
Ces deux journées de restitution ont été le lieu de partages et d’échanges qui ont fait la part belle au collectif (cf le programme détaillé juste ici). Même si les enquêtes partent d’une initiative personnelle, le dispositif Où atterrir crée un terrain d’exploration à plusieurs. En plus des résonnances entre les différents concernements qui amènent une dimension d’autant plus profonde et complexe aux enquêtes, le fait de se rassembler dans la poursuite d’intérêts communs permet de sortir de l’isolement. Dans une société de plus en plus individualiste, les espaces collectifs de parole, en-dehors de la sphère militante, sur des thématiques telles que la transition écologique se font rares. Comment rassembler dans un monde fragmenté ? Comment créer plus d’espaces de discussions collectives puis de mise en action sur des enjeux fondamentaux ?
Dans cette perspective, une initiative du collectif S-Composition, crée par Chloé Latour et Jean-Pierre Seyvos, a été de lancer la revue participative aTTeRRiSSage visant à faire un journalisme terrestre et citoyen. Avec un comité de rédaction auquel tout le monde peut prendre part afin de réfléchir collectivement au contenu des différents numéros, cette revue d’un nouveau genre mais intégrant la thématique arts, sciences et politiques est une manière de faire vivre Où atterrir autrement.
Maquette de l’exposition “L’art de l’enquête” en cours de création dans le cadre du Festival FACTS arts-sciences-société de l’Université de BordeauxUne restitution sous forme de paysage sonoreintervention de Chloé Latour, la fille de Bruno Latour, pendant la restitution
Si ces deux journées de restitution marquent la fin d’une aventure, celle-ci ne s’arrête pas là. Comme le dit Chloé Latour, la fille de Bruno Latour, ça ne fait que commencer ! Une dernière réunion est d’ailleurs prévue le 22 novembre au Quai des Savoirs entre le collectif Rivage et les participant.e.s pour parler de la suite du projet et de comment continuer à le faire bourgeonner.
Une des formes de restitution des enquêtes Où Atterrirune des formes de restitution des enquêtes Où Atterrirrestitution à l’UT2Jles Fanzine de la restitution, préparés par le collectif Rivage et le premier numéro de la revue Atterrissage, du collectif S-CompositionIntervention de Flore Garcin-Marroux (UT2J – LLA-Créatis) lors de la journée de restitution à l’Université Toulouse Jean-Jaurès et présentation de l’ouvrage Comment atterrir ? Une boussole pour le monde qui vient, écrit par Bruno Latour et le collectif “Où Atterrir”.
[ARTICLE] Après une année d’ateliers, de (co-)recherches et d’enquêtes, le processus Où Atterrir, à l’origine lancé par Bruno Latour, fait son clap de fin. Les 3 et 4 octobre derniers s’est tenue la restitution des enquêtes, dans une hybridation citoyenne, universitaire et artistique.
[ARTICLE] Le Quai des Savoirs inscrit son festival Lumières sur le Quai dans une démarche éco-responsable et inclusive avec la labellisation « Événements détonants » et l’accompagnement de l’association Élemen’terre !