Résidence au Quai des Savoirs en novembre 2023 : 2ème semaine
Youtci Erdos et Manuel Chabanis retrouvent leurs marques au Quai des Savoirs. Ils ont installé leurs deux vélos stationnaires mis au point par l’association Science Expérimentale et Technologique Eybens pour générer l’énergie suffisante pour éclairer Comme un rayonnement.
L’écriture de la danse est alors concentrée sur le duo de Lola et Constance, avec pour point de départ, le regard. Qu’est-ce que les yeux trahissent de l’énergie de l’autre ? Comment se nourrir de cette énergie partagée ? Comment la faire circuler ? Aux yeux s’ajoute ensuite une connexion dans les mouvements. L’énergie semble inépuisable, celle de l’une alimente l’autre, et vice versa, créant une véritable synergie entre les danseuses. Dans le même temps, l’écriture lumineuse s’enrichit avec Adèle Cathala, technicienne lumière, travaillant à l’atelier pour créer des objets ou de miroirs à intégrer au spectacle.
Du côté de la diffusion sonore, l’exploration se poursuit. La compagnie envisage de recourir à plusieurs solutions : améliorer l’acoustique, créer des objets sonores, charger une batterie pour assurer une diffusion sonore enregistrée… Les bénévoles de la Maison du vélo ont d’ailleurs déjà travaillé un dispositif de charge conçu à partir d’un home-trainer et d’une roue de skateboard. Il permet de brancher n’importe quel vélo pour ensuite pouvoir diffuser du son. L’association l’a prêté à Scalène le temps de la résidence pour effectuer quelques essais. Reste maintenant à atteindre l’autonomie complète pendant toute la durée de la pièce.
Dans ce processus de création, l’énergie se produit et circule dans toute l’équipe. Toutes et tous cherchent des solutions ensemble et se réjouissent des libertés naissant des contraintes, des possibilités offertes par l’imprévu. Ainsi, malgré un poignet fracturé dès le deuxième jour, Youtci reste optimiste et la compagnie conserve son cap et son rythme.
Jeudi 16 novembre, la petite Maison du vélo se transforme en scène pour présenter le solo maintenant bien rodé de Lola, comme quelques mois plus tôt au Quai des Savoirs. La dynamique de la danseuse varie tout au long de la performance : entre les moments de débauche d’énergie, elle accueille les baisses, s’écoute et ralentit, avant de trouver de nouveaux ressorts pour recharger ses batteries. Le spectacle est suivi d’un échange collectif avec Julian Carrey, physicien et enseignant-chercheur à l’INSA, amorcé par une rétrospective historique de l’énergie. Son approche et ses définitions du mot sont très différentes de celles que Youtci lui accorde. Pourtant, leurs regards se retrouvent sur la critique d’une énergivoracité ambiante – en termes mécaniques et thermiques, corporels et humains – et les discussions fleurissent avec le public.
La compagnie sort finalement de cette seconde résidence avec des bases plus solides en matières sonores et scénographiques. Elle retourne à Grenoble, rayonnant encore davantage, avec de nouveaux potentiels pédaleurs dans ses rangs…